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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 14:44

 

 

L'empirisme est une théorie de la connaissance qui suppose que toutes nos idées nous viennent entièrement de l'expérience et que nous ne pouvons connaître que ce qui relève de l'expérience.

 

Ainsi, Hume, philosophe empiriste écossais du 18ème siècle, pense que nos idées ne sont rien d'autre que les copies de nos sensations. Elles sont donc de même nature que nos sensations et n'en diffèrent qu'en degré d'intensité. Elles sont en effet moins intenses que les sensations elles-mêmes : l'idée d'une douleur est moins intense que cette douleur elle-même, comme le souvenir d'une expérience est moins intense que l'expérience vécue.

 

Hume décompose donc deux types d'idées : les idées simples qui sont des copies immédiates des sensations (ex. l'impression de rouge) et les idées composées qui sont, comme leur nom l'indique, des combinaisons d'idées simples ou de sensations (ex. un panier de pommes rouges).

Tout le travail de l'esprit consiste donc dans un travail de mémoire des sensations et d'association d'idées. On ne peut pas dire qu'il existe chez Hume un travail spécifique de l'esprit, véritablement distinct de l'activité des sens, de l'imagination et de la mémoire (celle-ci s'apparentant à l'imagination).

 

Cependant, parler d'activité des sens, c'est déjà trop dire. En effet, Hume parle d'impressions sensibles, davantage que de sensations. On entend là que le corps et l'esprit sont pensés comme des surfaces vierges qui se laissent impressionner par le monde et les "choses" du monde. Nous sommes donc entièrement passifs dans l'expérience, et celle-ci ressemble davantage à un flux impressionnel, à un "bombardement" d'impressions, qu'à une perception construite et unifiée.

 

Le travail philosophique de Hume consiste alors à remonter, dans la mesure du possible, aux impressions originaires, c'est-à-dire aux impressions réellement vécues ou expérimentées. Car l'habitude que nous avons de voir des impressions sensibles succéder les unes aux autres (par exemple la fumée suit le feu) tend à nous faire croire à un ordre réel dans le monde qui relierait les impressions entre elles (telle la relation de causalité : "le feu est cause de la fumée", mais encore l'identité personnelle ou l'idée même qu'il existe des "choses").

Il faut donc selon Hume discriminer ce qui, en nous, relève d'une habitude psychologique et qui est une illusion de la conscience et ce qui relève de l'impression originelle seule et réelle.

 

Par certains aspects, les impressionnistes (comme leur nom l'indique) sont empiristes : ils cherchent eux aussi à remonter aux impressions originelles. Ainsi, si nous voulons (selon eux) être exact, à savoir ne peindre (ne rendre) que ce que nous voyons, stricto sensu,  nous voyons alors les choses se dissoudre, leurs contours s'estomper, ce que nous croyons unifié se fondre dans un chaos d'impressions, pour laisser place à des impressions bombardées de toute part et en tout sens.

Les tableaux impressionnistes remontent à l'origine de l'impression ou de la sensation. Ils nous montrent ce que nous voyons réellement (selon l'empirisme) et non ce que nous croyons voir (!) à cause de l'effet d'optique déformant de l'habitude.

 

monet meules de foin

 

nympheas

 

impression 1872

 

Claude Monet, Meules de foin, Nymphéas, Impression.

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